# Anticor

L’Université d’Anticor s’est tenue le 7 octobre 2023 à Caen !

Temps fort annuel de l’association, l’Université est l’occasion de réunir experts, étudiants, chercheurs, membres d'Anticor et d'autres associations, citoyens, élus et curieux pour échanger sur de grands thèmes en lien avec l'actualité et avec l'objet social de l'association.

Cette année, au regard des évènements passés et des élections futures, l’Université d’Anticor était sur le thème « L’Europe à l’épreuve de la corruption », les tables rondes ont réuni des experts pour échanger sur le coût de la corruption, sur les enjeux de l’éthique dans les institutions européennes ou encore sur les propositions faites pour protéger le pluralisme et l’indépendance des médias dans l’UE.

Organisée avec le groupe local d’Anticor dans le Calvados, la journée s’est tenue au Bazarnaom, lieu mutualisé dédié aux arts vivants et visuels, situé dans le centre de Caen.

Inès Bernard, déléguée générale d’Anticor, a ouvert les travaux en revenant sur la perte de l’agrément anticorruption d’Anticor, en juin dernier. L’association a envoyé une nouvelle demande d’agrément aux services de la Première ministre, Elisabeth Borne. Anticor a également déposé un recours devant la Cour administrative d’appel de Paris pour contester l’annulation, ainsi qu’un deuxième recours demandant la suspension des effets de la décision du Tribunal administratif jusqu’à ce que la Cour administrative d’appel se prononce. Inès Bernard a rappelé que cet agrément a permis à Anticor d’agir comme un contre-pouvoir en s’assurant que les puissants, puissent, s’il apparaît qu’ils ont commis des infractions à la probité, se trouver poursuivis et éventuellement jugés comme pourrait l’être n’importe quel autre citoyen. Et fort heureusement, la capacité à faire bouger les lignes de l’association Anticor ne tient pas uniquement au combat judiciaire, mais aussi à l’influence qu’elle exerce et au combat culturel qu’elle mène.

Arthur Delaporte, député du Calvados, est également intervenu lors de cette introduction pour présenter les combats pour la transparence de la vie politique et contre les conflits d’intérêts à l’Assemblée nationale.

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© Virginie Meige

La première table ronde, sur le thème « La liberté de l’information », a réuni Arié Alimi, avocat et membre du bureau de la Ligue des Droits de l’Homme et Laurent Mauduit, co-fondateur de Mediapart et journaliste d’investigation. Cet échange était animé par Inès Bernard, déléguée générale d’Anticor.

En novembre 2022, la Commission de l’Union européenne a proposé des règles pour le pluralisme et l’indépendance des média dans l’UE. La proposition de règlement vise à poser un socle minimal de principes communs et rappelle que la liberté de la presse est une liberté publique fondamentale et fondatrice de l’espace public européen. Pour l’effectivité de ces principes, il appartient dès aujourd’hui de s’interroger sur les différentes formes de propriété des médias et sur les limites des régulations existantes. Il ne s’agit pas de questions techniques, mais des fondamentaux d’un débat démocratique éclairé. Il nous appartient aussi de mieux appréhender les enjeux des allocations de fréquences sur la TNT, à la veille de décisions sur le renouvellement des concessions dont C8 et Cnews sont actuellement bénéficiaires.

Laurent Mauduit a fait été d’une régression démocratique historique dans laquelle le droit de savoir des citoyens est mis en cause. Arié Alimi a rappelé, en lien avec l’actualité, que les journalistes ne bénéficient pas de protection aujourd’hui. Il y a toujours des journalistes qui sont convoqués par des policiers pour essayer d’intimider leurs sources.

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© Virginie Meige

Eric Alt, administrateur d’Anticor, a introduit les travaux de l’après-midi en rappelant que le coût de la corruption a été évalué en 2016 à 990 milliards d’euros par an à l’échelle de l’UE, dont 120 milliards pour la France.

Eliane Dufresne, analyste à Rand Europe, organisme à l’origine de cette évaluation, a présenté la méthodologie : comment ces chiffres sont-ils construits et quels sont les travaux en cours.

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© Virginie Meige

La deuxième table ronde, sur le thème La richesse cachée de l’Europe et les enjeux de l’éthique dans les institutions européennes, a réuni Manon Aubry, députée européenne, Juliette Lelieur, professeure des universités et Kahina Saadi, administratrice d’Anticor. Cet échange était animé par Eric Alt, administrateur d’Anticor.

Selon la Commission européenne, il est évalué à 1000 milliards d’euros par an – ce chiffre ne se confond pas mais s’ajoute à celui de la corruption. Des solutions existent : taxation unitaire des groupes, serpent fiscal européen, cadastre financier européen, taxation des transactions financières, taxation sur les grandes fortunes à l’échelle internationale… Pourtant, au-delà de l’institution d’une imposition minimale de 15% sur le bénéfice des sociétés et du projet de taxation des transactions financières, le sentiment demeure d’une Europe minée par une concurrence fiscale déloyale et agressive et d’une richesse considérable dont les Etats se privent. La Commission européenne a proposé en juin 2023 la création d’un nouvel organe d’éthique à l’échelle de l’UE, en réponse aux soupçons d’ingérence du Qatar et du Maroc. Mais l’entité sera dénuée de tout pouvoir d’enquête et de sanction. Où en est-on de la limitation du cumul des fonctions et des activités annexes ? De l’encadrement effectif du pouvoir des lobbies ? Au Parlement, les discussions se tiennent à huis clos. Les bases de travail s’éloignent des 14 points de la présidente Roberta Metsola avancés en janvier dernier…

Manon Aubry a évoqué notamment « les portes tournantes » ou les allers-retours entre le secteur public et le secteur privé au Parlement européen, dénonçant une forme d’habitude et de cynisme. Juliette Lelieur est revenue sur la vulnérabilité de l’Union Européenne, par la dépendance que la Commission européenne a construite, historiquement, avec des groupes d’intérêts. Enfin, Kahina Saadi a présenté le groupe de travail, créé au sein d’Anticor, dédié aux élections européennes. Ce groupe va formuler des propositions éthiques et inviter les candidats à les intégrer à leur programme.

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© Virginie Meige

Elise Van Beneden, présidente d’Anticor, a clôturé les travaux en rappelant que l’association agit sur le plan judiciaire, mais également culturel : un jeu de cartes, une série, un festival de cinéma… dont nous vous parlerons bientôt !

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Pour finir cette journée d’échanges et de débats, Anticor 14 a proposé la projection du documentaire roumain « L’affaire collective » d’Alexander Nanau, au Café des images, cinéma d’art et essai à Caen. Enquête de fond et véritable drame shakespearien, le documentaire revient sur un fait divers qui a viré au scandale d’État en 2015 à Bucarest. Tout commence comme un polar, avec ses cadavres, son enquête, ses suspects, ses appels anonymes, ses indicateurs, ses intimidations et, partout, le gant de velours d’obscures malversations. À ceci près que ce n’est pas une fiction, mais un documentaire, et à son meilleur : quand la réalité prise en filature donne le vertige et se révèle, scène après scène, chaque fois plus incroyable.

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